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Les petits bonheurs

Les petits bonheurs

Ma vie de maman, ma vie de femme, ma vie de rêveuse, ma vie d'amoureuse, mes lubies, mes hobbies, mon blabla.


Une moitié d'année

Publié par Charlène Haïda sur 8 Avril 2013, 13:32pm

Catégories : #Ma vie de maman

C'était il y a six mois.
C'était hier.
C'était aujourd'hui.
C'était deux jours avant de l'avoir dans mes bras.

C'était le 8 octobre 2012. Une journée sans soleil, ni dans le ciel, ni dans ma tête.
J'avais fermé les volets, et je m'étais cachée sous ma couette, pour pleurer, en paix, en silence. Pour oublier que je ne pouvais pas me lever sans aide, pour oublier mes douleurs, et ce faux travail qui n'en finissait pas, pour oublier mon humeur exécrable. Et puis, sûrement aussi un peu pour oublier le temps, qui à mon goût était trop long.
Je l'implorais, ma douce, ma tendre petite fille, lovée au creux de mon abdomen. Oui, elle était si bien à l'intérieur, bien au chaud, en sécurité. Mais il était temps qu'elle sorte. Je ne pouvais plus me contenter de sentir son petit pied à travers ma peau. J'avais besoin d'enfuir mon nez dans les plis de son cou, d'entendre sa respiration, de toucher sa peau toute neuve.

La journée a été longue, éreintante.

La nuit qui l'a suivie, elle, a été plus ou moins étrange. Comme si mon corps savait qu'il avait besoin d'énergie, il s'est endormit. Jusqu'à quatre heure du matin. Et puis, cette sensation, étrange, inexplicable, m'a sortie des bras de Morphée. Il se passait quelque chose de différent, dans mon ventre. Et c'est là que j'ai senti. Ma fille, toute basse, qui traçait doucement son chemin vers la lumière. A croire qu'elle avait entendu mes supplications. Plus que quelques jours, me suis-je dit. Je me suis rendormie un petit peu, pas longtemps, jusqu'à sept heures. Il y avait une drôle de pression, tout en bas de mon corps. Une oppression. Comme si je devais pousser. Et puis, une demie-heure plus tard, j'ai senti une douleur assez dérangeante, au creux de mes reins. Puis, une heure après, une deuxième. Une troisième, trente minutes plus tard. Et une quatrième, un quart d'heure ensuite. Au bout de deux heures, j'ai compris que le travail avait commencé. Au bout de deux heures, les contractions dans les reins étaient espacées de trois minutes.
Ça y est, me suis-je dit.
​Ça y est.

Et pourtant.
Pourtant quand je suis allée à la maternité, je croyais que c'était encore un faux travail.

Pourtant quand la sage femme m'a annoncé que j'allais rencontré ma fille sous peu, je n'y ai pas cru. J'allais enfin pouvoir la serrer dans mes bras. Mais c'était encore trop abstrait pour que, dans mon esprit, ça soit certain.

Quatorze heures plus tard, après des hurlements dont je ne m'étais pas cru capable, après une péridurale qui n'a pas prise, après avoir pris conscience qu'une minute pouvait avoir des airs d'éternité et avoir rencontré une douleur fourbe et véhémente, une douleur comme on pense en mourir, j'apercevais la masse de cheveux de ma fille.
J'étais épuisée, je n'arrivais plus à pousser, mais lorsque j'ai vu cette petite tête brune pas encore totalement sortie, j'ai rencontré cette férocité maternelle, cette force inébranlable, cette certitude que ta vie est moins importante que celle de ton enfant. C'est quand j'ai vu sa petite tête brune que je suis devenue mère.

Pas avant, pas après.
Trois poussées de plus, et mon bébé était sur moi.
Enfin.

Elle avait un air hirsute, ébahit, apeuré. De grands yeux qui me fixait sans cligner, et des petites mains parfaites qui s'agrippaient à ma peau. Elle n'a pas pleuré, comme si elle savait où elle était. Et elle sentait bon, si bon. Parfois, je sens encore cette odeur si particulière sur elle.

Deux heures après, j'étais sur pieds, et je ne pouvais m'empêcher de la contempler. Mon oeuvre d'art, mon tout petit bébé, ma petite fille parfaite. Elle était si calme, si calme. Elle me fascinait, m'hypnotisait. Et puis il y a eu ces moments, où on se rencontrait réellement, où on s'apprenait, où on se regardait. Les tétées, ses yeux dans les miens et ses mains qui s'accrochaient encore et encore à ma peau avec ténacité. Le cododo, parce qu'il était impossible pour moi de dormir sans elle, si j'y parvenais. Son petit corps tout neuf contre le mien, son nez niché dans mon cou, sentir sa respiration toute chaude.

Six mois après, je suis toujours aussi fascinée, aussi dépendante. Elle aussi, mais moins. Elle apprends sa petite vie, à une allure qui me dépasse. Les journées sont toujours incroyablement longues, mais les semaines, les mois, défilent trop vite. Je me demande souvent quand est-ce qu'elle a tellement grandit, quand est-ce qu'elle a pris conscience qu'elle était elle et plus une partie de moi.

Mon tout petit bébé, ma petite fille parfaite, mon oeuvre d'art, dans deux jours aura déjà une moitié d'année.

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